S'INSTALLER GRÂCE À LA CUMA

La Cuma est un outil efficace pour accompagner le renouvellement des générations en agriculture. Elle facilite les installations des jeunes et ceux issus du milieu non agricole en particulier, en permettant entre autres, d'appuyer tous les modèles d'exploitations et d'accéder à du matériel performant, limitant ainsi l'endettement.

Retrouvez les témoignages d'Estelle PRIVAT (vidéo) de la Cuma ABC et de Benoît GAUTIER de la Cuma de l'Arche.


Sans la Cuma, je n'aurais pas eu accès au financement pour mon installation

Estelle Privat, 31 ans, viticultrice

Cuma ABC, Pradons - Saint Sernin (07)


Estelle Privat aurait pu passer à côté d'une belle opportunité de reprise de vignoble si elle n'avais pas l'esprit du collectif en elle. Grâce à sa Cuma, mais aussi aux coopératives de caves, elle a pu s'installer dans le sud de l'Ardèche.


Elle fait partie de ceux qui s'enrichissent au contact des autres. Estelle Privat, jeune viticultrice dans le sud de l'Ardèche, s'est installée il y a deux ans dans un vignoble d'une quinzaine d'hectares. « J'ai voulu changer de métier, me reprocher de la nature et avoir les mains dans la terre », explique l'ancienne animatrice des Jeunes Agriculteurs d'Ardèche. « Je me lance donc dans le parcours à l'installation en agriculture avec comme projet la culture de la vigne mais aussi de plantes aromatiques ». Les rencontres qu'elle fait à cette période l'ont un peu détourné de son idée originale mais qu'importe, une opportunité ça se saisit. « Il y avait une union de caves coopératives, dans un souci de pérennité, qui cherchait à installer un jeune sur un vignoble d'une quinzaine d'hectares sur le principe d'un portage foncier, raconte-t-elle. Après réflexion, j'ai mis de côté les plantes aromatiques et j'ai saisi cette chance ».

« Grâce à la Cuma, Estelle Privat a pu se procurer une machine à vendanger »

Pour se former, Estelle Privat qui n'a jamais vraiment travaillé dans la vigne, est embauchée en tant que salariée sur le vignoble. Là, elle y côtoie ses voisins qui viennent lui donner un coup de main ou lui apprendre telle ou telle technique. Parmi eux, il y a un agriculteur qui fait partie d'une Cuma qui vient faire les traitements de ses vignes. « Nous échangeons beaucoup avec lui et son salarié et il me propose d'intégrer la Cuma dont il est président, c'était une fois de plus un coup de chance, se souvient la jeune viticultrice. Car sans la Cuma, je n'aurai pas pu avoir accès à autant de matériel. Je ne pouvais pas tout acheter ».

Lors de la première année de son installation, en 2020, elle avait acquis un tracteur d'occasion, un pulvérisateur neuf pour pouvoir profiter des dernières technologies, une désherbeuse et une écimeuse. Le strict minimum. Avec la Cuma, elle a pu se procurer une machine à vendanger. En parallèle, son conjoint, Julien s'installe sur un autre vignoble où naturellement il adhère également à deux Cuma : l'une pour la machine à vendanger, l'autre pour un tas de petits outils pour le travail du sol, la taille, le broyage et la fertilisation.

« Le collectif, ça m'enrichit »

Outre l'avantage financier de la Cuma, Estelle Privat y voit aussi un intérêt sur l'apprentissage. « Je ne connaissais ni le terroir sur lequel mon vignoble est implanté, ni les techniques agronomiques, admet-elle. En adhérent à cette Cuma, j'échange beaucoup avec mes confrères sur différents sujets et j'en apprends toujours plus ». Le groupe a d'ailleurs suivit récemment une formation sur la vie du sol et les réductions d'intrants. Des connaissances qu'elle essaye de peaufiner grâce aux rencontres, en attendant de reprendre l'autre partie de son projet, les plantes aromatiques.



Sans la Cuma, je n'aurais pas eu accès au financement pour mon installation

Benoît Gautier, 42 ans, éleveur bovin

Cuma de l'Arche, Abbaretz (44) / +40 adhérents


En 2016, la Cuma de l'Arche a été un soutien considérable de l'installation de Benoît Gautier en Loire-Atlantique. Depuis l'éleveur de limousines continue d'évoluer et de trouver des solutions avec son groupe de voisins.


La réussite économique a été au rendez-vous dès le début. « Grâce au matériel performant et au partage d'expérience, nous n'avons pas raté nos premières cultures. Ça nous a permis de partir du bon pied ». Son associé arrivait avec des expérience en OPA, lui avait déjà cultivé des ananas et de la canne à sucre. « Nous n'étions ni éleveur, ni de la commune. Via la Cuma, nous nous sommes ainsi intégrés dans le territoire local » analyse Benoît Gautier, reconnaissant envers un collectif dont il est aujourd'hui le trésorier.

« Grâce au collectif, j'ai très rapidement réussi sur le plan technique »

« Les conseils pour savoir quand semer, comment travailler ou sur la conduite du pâturage nous a été précieux ». Mais même en amont, l'adhésion à la Cuma avait bien aidé les nouveaux éleveurs. « Sans elle, je ne me serais pas installé, car je n'aurai pas eu accès au financement ».

L'éleveur détaille : vu leur rapport personnel, les deux porteurs devaient construire leur projet de reprise de l'exploitation sur un investissement de 200 000€ maximum, « sachant que nous changions totalement de race par rapport au cédant pour passer en Limousine ». Si l'installation avait dû se faire avec des acquisitions de matériel, son équation n'aurait donc pas trouvé de solution.

« Mon prochain projet de Cuma portera sur l'emploi, avec le développement d'un groupement d'employeurs »

Aujourd'hui, la Cuma de l'Arche reste le principal outil de travail de Benoît Gautier. « Elle m'apporte les solutions de matériel, de main-d'œuvre, des compétences... c'est même ce qui me permet d'avoir des collègues de travail ». Et si le travail de conviction à mener au quotidien pour faire avancer le collectif et ses projets reste une réalité, « quand on y passe du temps, on voit qu'on en récupère beaucoup après ». Aujourd'hui, le projet qui mobilise la Cuma et ses adhérents porte sur l'emploi. En 2019, la Cuma de l'Arche a recruté un premier salarié. Trois ans plus tard, elle crée déjà un autre poste, pour un service à un groupe bien identifié d'adhérents, dont bénéficie Benoît Gautier, aujourd'hui seul dirigeant de son entreprise. « La Cuma a cette possibilité de pouvoir recruter pour mettre un salarié à disposition de plusieurs adhérents. Nous sommes environ cinq adhérents potentiellement intéressés pour assumer des travaux d'astreinte (traite, alimentation...) et du quotidien de la ferme ».